Je suis " monté " en train de Rennes spécialement pour écouter René (que je n’avais jamais encore écouté en direct) et dont c’était le grand retour sur la scène parisienne après pratiquement trois années d’absence. Je pense avoir écouté René le mercredi soir 26 mars 1969. Il est arrivé vers 22 heures et quelqu’un portait son ampli de marque " Burns ", celui qui avait conservé sur la grille de protection du haut parleur la trace d’un choc de type coup de pied. René a porté toute la soirée des lunettes teintées. René se tenait debout à gauche de l’estrade, contre le minuscule bar et devant la batterie alors que J.R. Montrose se tenait à droite, devant la basse. A chaque fois que la serveuse passait, René se tournait pour éviter que son plateau ne heurte la guitare ! A la première pose, je l’ai abordé alors qu’il était sur le trottoir devant le club et il m’a donné les harmonies des mesures 9 à 12 de sa composition " I remember Sonny " (blues de 16 mesures en fa mineur) puis il a discuté avec un homme noir manifestement connu de lui qui passait par là.

Le club était plein. Il y avait là notamment le trompettiste Bernard Vitet, Maurice Cullaz, critique bien connu et père de Pierre et Alby Cullaz et aussi, très discrètement assis sur la banquette en côté à droite de l’estrade, Lambert Thomas, le fils de René qui selon mes souvenirs portait un blazer bleu. A la seconde pose, J.R. Monterose s’est emparé de sa guitare, la Gibson 150 baptisée " Bébelle " posée sur le piano, sous l’œil amusé et un peu inquiet de René. Au dernier set, Eddy Louiss (p) et Michel Roques (ts) sont venus se joindre au groupe et ont joué notamment " On green dolphin street ", thème assez rarement joué par René.